conventionnel, anti-conventionnel

L’asphalte brille régulièrement sous la lumière des réverbères depuis plusieurs semaines déjà et les feuilles mortes sont comme autant de taches de rousseur sur le visage de poil de carotte.
Le vent a balayé les dernières feuilles des bouleaux et du liquidambar du jardin, tout parait en sommeil maintenant.

Apres plusieurs mois de silence, la faute au réseau social Facebook, qui m’a littéralement vampirisé, la phase de sevrage commence donc, et je marque mon retour sur mon journal de bord, un peu délaissé je l’avoue.

Certains comportements sont souvent les mêmes, quelque soient les endroits et les individus, virtuels ou pas.
A ce titre, Facebook est un de ces endroits virtuels.
Et revoilà la donc la sempiternelle histoire des droits d’auteurs qui refait surface.
J’avoue qu’il est flatteur de retrouver son travail dans une galerie en ligne, mais une fois la pointe d’orgueil avalée, les orteils retrouvent le plancher des vaches et se dire que le créateur de cette galerie, qui est, somme toute, publique, n’a même pas pris la peine de demander leur avis aux artistes exposés, me laisse une note amère au palais.
Je ne sais rien de lui, je ne sais pas ni ce qu’il est non plus.
On va me dire que je joue une fois de plus les vierges effarouchées, mais ce genre d’exploitation sans autorisation peut avoir des conséquences désastreuses, car on peut ainsi assimiler l’artiste a l’auteur de la galerie et, si ce dernier n’est pas vraiment recommandable (lié à des groupes extrémistes, appels a la haine au racisme, etc…), il peut être difficile ensuite pour l’artiste de trouver des clients, bref, de vivre de son travail.
Voilà ou je veux en venir…
L’artiste se réserve tous les droits, sauf cas contraire, sur la façon dont son travail est exploité, gratuitement ou pas et par qui.
Pour le commun des mortels, dessiner, peindre, sculpter, créer, pour être plus général, n’est pas assimilé a du travail, mais a un simple loisir et par la même justifie pour certains l’utilisation non autorisée.
Etre considéré comme une simple banque d’images me révolte, j’ai donc décidé de ne plus mettre sur Facebook que des images de petits formats ou des échantillons et de reprendre en main la diffusion de mon travail, via les moyens que j’avais déjà à ma disposition avant de le faire sur Facebook. Mon blog va redevenir actif et mon site web va subir un lifting dans peu de temps pour être prêt avant mon exposition française en septembre.
Malgré cette absence sur le blog, je ne suis pas resté inactif et plusieurs dessins on vu le jour ces derniers mois, je les dévoilerais dans les jours prochains, mais celui que je montre ici, achevé aujourd’hui, a une importance particulière pour moi.
Tout d’abord, ce n’est pas un homme, mais une femme. Histoire de rappeler a ceux qui en doutaient que je suis autant a l’aise au dessin avec les gros costauds que les paysannes de 17 ans!
Je reste fidèle a mes influences et l’art nouveau est bien présent, par contre cette fois ci même le décor a été réalisé sur le dessin final lui-même, typographie incluse.
Le format est lui aussi inhabituel car c’est un A0, presque 1 mètre de haut.
Dessiner en grand format est devenu une habitude maintenant et plus c’est grand plus je me sens a l’aise.

“Jehanne” évoque ici mon fort attachement a la France, a sa culture et son histoire.
Voilà deux ans maintenant que je ne l’ai pas vue et septembre est comme un horizon plein de promesses.
On trouve dans cette illustration au format de panneau décoratif, quelques symboles.
Les chardons, les mirabelliers évoquent la lorraine, région d’où Jeanne était originaire.
Les trois lys blancs font référence a sa virginité mais son aussi le symbole de la France, étant aussi son blason.
Je représente ici Jeanne après l’entretien avec le futur Charles VII a Chinon, elle n’est pas encore armée et tient son épée par la lame et non pas brandie par la poignée.
Sur cette même poignée on peut compter 5 croix formées par les entrelacs, chiffre symbolique du compagnon et aussi une allusion aux cinq croix gravées sur la lame de l’épée de jeanne découverte sur ses indications dans la chapelle Ste Catherine de Fierbois, sous les dalles.
La phrase “Jehanne la bonne Lorraine – qu’englois brulèrent a Rouan” est tirée de “la ballade des dames du temps jadis” de François Villon, et est ici en ancien français.
On peut me trouver conventionnel dans le choix de mon sujet, j’en conviens, la ou je ne le suis pas du tout c’est que moi, connu pour ne pas vraiment cadrer avec la vision de ceux qui utilisent le symbole de Jeanne d’arc a outrance, puisse m’approprier le sujet et lui insuffler mon esthétique.
La est la vraie impertinence…


One Comment to “conventionnel, anti-conventionnel”  

  1. 1 mmarvinbear

    Quand tu as parlé de paysanne de 17 ans, je me suis imaginé l’espace d’ une seconde que tu parlais de Zahia…

    Le trait est toujours aussi sûr, soi-dit en passant…